Alors que l’on vit tous un épisode un peu irréel et inédit de notre vie dû à cette pandémie, la saison à l’arrêt, on a recueilli quelques impressions de notre numéro 14, Jérémie Douillet.

Salut Jérémie, comment ça va ?
Comme tout le monde un peu ras-le-bol de rester chez soi mais bon… C’est important de le faire en fonction de ce qu’a dit le président il y a quelques jours. Le plus important il est là : c’est de rester chez soi et continuer à faire en sorte que le personnel soignant soit performant dans ce qu’il vont faire. 

Toi tu es où ? Tu t’occupes comment ?
Moi je suis sur Challans. Je suis resté sur Challans avec ma copine. C’est sûr qu’on fait un peu le tour dans l’appartement mais on prend notre mal en patience et on s’occupe en faisant du sport, en prenant le temps de faire chaque chose… En jouant, en lisant et puis en se projetant dans l’avenir… 

Quand tu fais du sport, tu fais ça dans l’appartement…? Tu cours un peu ?
Pour l’instant, je descends sur le parking de l’appartement et je fais à peu près une heure de sport tous les jours pour m’entretenir. Mais c’est aussi parce qu’il fait beau… Si demain il fait un temps un peu grisant, c’est sûr que je le ferai plutôt à l’intérieur. 

Donc le mot d’ordre, c’est tout de même s’entretenir…
Oui oui, il vaut mieux… Après, les remarques que l’on a pu avoir que ce soit de la fédé ou de la ligue qui sont dans le flou autant que nous et autant que le ministère des sports, nous, joueurs, on se doit d’être le plus en forme possible. Même si pour moi les chances de reprises sont assez minces, à nous de nous tenir quand même prêt !

En tant que sportif pro, le fait de ne quasiment plus faire de sport, tu le vis comment ? Parce que vous passez votre vie à faire du sport et là du jour au lendemain, hormis une heure de sport par jour, il n’y a plus rien… Tu le vis comment toi ?
C’est difficile… D’autant plus qu’on nous demande de rester un peu en forme de parce que je viens de t’expliquer. Et ça ne suffit pas, très clairement. Il y aura sans doute, s’il y a une reprise, un problème au niveau de la réathlétisation et puis de la préparation physique et mentale pour reprendre peut-être un championnat mais pour moi ça semble assez compliqué. On tourne un peu en rond quoi. Je pense que c’est un peu le cas de tous les joueurs. 

A quel moment tu as senti, toi, que ça se barrait un peu en sucette ?
Quelques jours avant que l’on arrête définitivement les entraînements le vendredi 13… 2-3 jours avant, on sentait bien qu’il y avait beaucoup d’inquiétude par rapport à ce virus et qu’il ne fallait pas plaisanter avec ça. Alors au début, comme tout le monde, on se disait que c’était une grosse grippe et, au final, on s’est rendu compte que c’était un virus assez important qui pourrait décimer une partie de la population mondiale. 

Au niveau du basket, on en a parlé un peu avant, on ne sait pas si ça va être une saison blanche ou si ça va reprendre… Toi ton avis…? Tu sens plutôt la saison blanche arriver, donc sans montée sans descente ?
C’est une situation qui est très délicate. A la fois nous on ne jouait plus que la maintien cette saison, si je puis dire. Mais pour les clubs qui sont positionnés pour une montée au niveau supérieur, c’est compliqué pour eux. Je pense qu’il faut prendre un peu de recul sur cette situation. Pour moi, et ça ne reste que mon avis, c’est improbable de reprendre un championnat ou des play offs dans ces circonstances. Pour moi, il y aurait une phase d’adaptation après cette période-la qui serait à peu près d’un mois / un mois et demi. Les corps et les mentalités peuvent se réhabituer en 5-6 semaines à refaire du sport mais ça voudrait dire une reprise que fin juillet début août… Donc ça ne servirait à rien de reprendre une saison.
Le but oui, ce serait pourquoi pas de faire une saison blanche. Après, malheureusement en n1, nous sommes dépendant des niveaux au-dessus, comme la proB peut l’être pour la JeepElite. Mais je pense qu’il faut s’inspirer de ce que feront les grosses leagues européennes et à la fois la NBA pour prendre des décisions finales. Mais dans tous les cas, nous joueurs, nous devons rester prêts à d’éventuelles modifications de plannings de la part de la fédé. 

De toute façon, quoi qu’il arrive, il y aura un beau capharnaüm qui se profilera, quelques soient les décisions…
Très clairement. Très clairement. Parce que, à la fois, on peut comprendre l’envie des fédérations de reprendre le championnat. D’un point de vue économique ça peut être délicat pour eux et l’ensemble des clubs d’ailleurs. Mais il faut comprendre que ceux qui sont acteurs du jeu, ce sont quand même les joueurs. Et si le joueur n’est pas prêt à reprendre, ça ne sert strictement à rien. A événement exceptionnel, résultats exceptionnels… Une saison blanche serait pour moi la chose la plus judicieuses et on repartirait normalement la saison suivante comme je le disais tout à l’heure. Mais c’est vrai que ça peut paraître désagréable pour ceux qui étaient en haut du tableau et qui jouaient une montée ou un titre…

C’est vrai que quelque part, ce serait plus ceux qui jouent le maintien qui seraient un peu miraculeusement sauvés. Nous à Challans, on en tirerait forcément parti.
Oui. Après, en toute honnêteté, j’aurais le même discours si on était dans le top 5. Malheureusement, on ne peut rien y faire. On ne peut qu’acquiescer ce genre d’événement et puis bien le digérer par la suite. Après, à nous de bien préparer tout ça pour une saison prochaine…

Le VCB était reversé en poule basse. Tu la sentais comment malgré tout cette seconde phase qui se profilait ?
Plutôt bonne. Je suis persuadé que l’équipe aurait pu faire de très beaux résultats et aller chercher un maintien tout à fait normal. Ça aurait été le moindre mal après une saison très compliquée avec beaucoup de choix qui ont fait que l’on en est arrivé là. Mais je pense que l’équipe ainsi que le staff auraient fait le travail sur le terrain pour aller chercher ce maintien. C’est dommage car c’est sûr que lorsque tu es sportif, c’est mieux de le gagner sur le parquet, on ne va pas se mentir. Mais on ne peut qu’encaisser cette situation et on verra la suite. 

Pour finir, qu’est-ce qu’on peut se souhaiter dans cette période étrange ?
Que du positif. Dans ces moments un peu délicats, il faut continuer à regarder vers l’avant. Que ce soit pour nous-même et pour nos proches. Prendre un peu de recul également sur cette situation. Comment la vivre ? Comment exploiter toutes les possibilité pour, après, pouvoir rebondir? Parce que c’est ça le plus important. C’est là où l’Être Humain est bon : c’est dans le fait de rebondir après des situations critiques. Je pense, et j’espère en tout cas, que cette pandémie apportera beaucoup de prises de conscience de la part de chacun et que ça permettra vraiment à ce qu’on se rende compte des choses essentielles dans la vie que sont la santé, nos proches, nos amis et tous les bienfaits que peut nous apporter ce monde.