Suite à l’annonce de la fédération d’interrompre la saison 2019-2020, on a recueilli la réaction du président du VCB, Julien Menuet.

Salut julien, comment vas-tu tout d’abord ?
Personnellement ça va bien. Aujourd’hui, c’est plus ce qui nous entoure qui fait peur. Personne ne pensait qu’on serait dans une situation sanitaire comme ça en France et dans le monde. On s’adapte et surtout on respecte le confinement afin qu’il y ait le moins de mort possible même s’il y en a déjà trop…

On vit une période inédite, anxiogène, meurtrière même… le sport passe vraiment au second plan aujourd’hui…
Oui c’est clair. C’est plutôt la santé des français et du monde qui nous préoccupe plus que le sport… C’est clair !

Si on parle tout de même de sport, la fédération de basketball vient d’annoncer l’arrêt de la saison. C’est une décision qui semble logique. C’est une décision qui nous sauve également…
C’est une décision qui paraît tout à fait logique oui et qui aurait dû être, à mon sens, prise bien plus tôt. On voyait déjà ce qu’il se passait dans les pays comme l’Italie ou la Chine et que c’était inéluctable que cela vienne comme ça en France. Donc c’est vrai que, jusqu’à aujourd’hui, la situation pour les joueurs, le staff et les dirigeants n’était pas évidente. À partir de maintenant, on clarifie les choses mais c’est vrai que ça aurait pu être fait plus tôt.
Après, au sujet de la décision de faire une saison sans montée et sans descente, c’est vrai qu’on aurait préféré, nous, se maintenir sur le terrain et montrer qu’on avait entièrement notre place dans la division mais c’est comme cela… Néanmoins nous sommes bien sûr très contents d’être maintenus dans la division.

Ce communiqué prévaut pour les divisions nationales mais aussi pour l’ensemble des équipes seniors et jeunes…
Oui, cela prévaut pour tout le monde. Au VCB, la NM1 et NM3 mais aussi pour toutes les autres catégories et les autres championnats. Tout le monde est privé de sport… Donc j’ai une pensée à tous nos jeunes qui ne peuvent plus faire de sport et se retrouver avec leurs amis, tous nos entraîneurs et salariés qui sont au chômage partiel, tous les parents et dirigeants. Même si personne à l’heure actuelle au sein du club n’est touché par le Covid-19, on espère que tout le monde va garder la santé. C’est bien ça le plus important. On réfléchit à pourquoi pas organiser cet été des événements un peu différents de ce qu’on a l’habitude de proposer afin de se retrouver ensemble sur un terrain de basket et reprendre une vie plus ou moins ordinaire.

Ça fait bizarre de parler de bilan à la fin mars mais quel « bilan » tires-tu de la saison de NM1 qui vient de s’écouler ?
Tirer un bilan de cette saison-la, c’est hyper difficile… Je la placerais plutôt dans la case ‘expérience’. Ce qui nous est arrivé, il ne faut pas que cela se reproduise. C’est une certitude. Parce que si on reparle des 3 points de pénalité… En fait, de ces 5 dernières secondes du match amical face à Lorient jusqu’à maintenant, ç’a été le fil conducteur de toute l’année avec les méandres qu’on a pu connaître et l’incertitude de rester dans la division. Donc il faut classer cela dans l’expérience afin que cela ne se reproduise plus. Pour tout le reste, c’est très difficile de tirer un bilan tout de suite. J’ai plus envie de te dire « on efface cette saison et on repart sur une autre » qui sera aussi une autre expérience parce qu’il faudra encore construire différemment.

Nous étions donc en poule basse. Le maintien était l’unique objectif et les joueurs étaient plutôt confiants quant à leur capacité à faire le job… En coulisses, tout était fait également pour parvenir à cet objectif…
Oui oui, le maintien était essentiel parce que le club de Challans mérite d’être en Nationale 1. Le spectre de la relégation en Nationale 2 on l’a vécu il y a 7-8 ans et c’était difficile. On a fait les efforts, nous en tant que dirigeants, de recruter avec Antoine un nouveau meneur américain, Devon Thomas. Il était en début de saison à Chypre et les 2 précédentes au Danemark pour apporter son talent et nous aider à se maintenir. Mais également pour mettre un électrochoc au reste du groupe et leur montrer qu’on était là aussi pour les soutenir, leur apporter un peu de fraîcheur, d’envie et de sérénité.

La saison prochaine s’annonce particulière avec ce qu’il se passe en ce moment… Ceci prévaut pour tout le sport pro d’ailleurs, pas que le basket… Il faut s’attendre à une baisse importante des budgets…
C’est vrai que tout le monde est dans la nébuleuse. C’est assez dur de se projeter aujourd’hui parce que la durée du confinement déterminera aussi les choses. Plus le confinement sera long, plus l’économie sera touchée et donc aussi les finances des clubs. On s’attend forcément à une baisse des budgets. Il va falloir s’adapter à tout ça. Ces dernières années, on avait la chance au VCB d’avoir des partenaires privés très réguliers, de même pour les collectivités publiques et donc des budgets stables ou en augmentation. On pouvait se permettre de recruter relativement tôt. Là, on sera obligé d’appréhender au mieux la situation avec nos partenaires et nos collectivités avant de s’engager sur les masses salariales. On va complètement inverser le débat. Donc voilà, on s’adapte à cette situation inédite.

Ça risque d’être un sacré casse-tête pour former une équipe compétitive… Mais on a envie de dire que ce casse-tête risque d’être le même pour toutes les équipes du sport pro.
Oui. Mais à la différence des 3 points de pénalité où on était pénalisés par rapport aux autres, là, tout le monde part sur la même ligne. Ça, ça me fait pas forcément peur. Il faudra juste que l’on soit cohérent et que l’on s’adapte. Et la formation, c’est aussi un des atouts du clubs. Donc si à un moment il y a une énorme baisse du budget, et bien il y aura peut-être plus de jeunes dans l’équipe… Il y a des solutions. Par contre, il faudra être très patient. Il est possible aussi que, dans le monde du sport en général, il y ait une baisse des salaires. Je pense d’ailleurs que l’on est parti pour… Donc à nous d’être vigilant. Il faudra vraiment être très très patient dans la construction de tout ça.
Peut-être que cela fera du bien au sport d’une manière générale, revenir à des bases qui n’étaient plus les siennes à certains moments. Je pense notamment au très très haut niveau où on avait des salaires disproportionnés par rapport aux droits tv. On va peut-être revenir sur des choses qui sont un peu plus cohérentes.

Ne reste plus qu’à se souhaiter la santé… C’est bien ça le plus important d’ailleurs…!
Oui voilà. On espère retrouver au plus vite tout le monde à la salle Vrignaud pour exercer notre passion et que les jeunes retrouvent leur copains. Mais en attendant, espérer que tout le monde, joueurs, parents, toute la famille du basket et au-delà, gardent la santé. Même si ce n’est pas facile de rester chez soi, il faut vraiment le respecter. Il en va de nos vies, de celles de nos enfants, de nos parents et grand-parents.
Je voulais aussi avoir une pensée particulière à tous nos partenaires ainsi qu’à Saïd Banoun (médecin du club) et Sébastien Lemarignier (kiné) qui se sont portés volontaires à l’hôpital de Challans, Delphine Fradin (administratrice et speakerine) dans l’exercice de son métier d’infirmière libérale et plus globalement à tout le personnel médical qui œuvre très fort contre ce virus. Enfin, le confinement a aussi du positif, c’est de prendre du bon temps avec sa famille!